La question m'est souvent posée de la part de photo ou de dessin dans ces travaux.
Dans le verre à moitié vide ou à moitié plein, je dirais la surface du liquide, la rencontre des deux.
Illustrateur depuis une vingtaine d'années, j'ai à une époque peint ou dessiné les toits et cheminées que j'apercevais de ma fenêtre, puis suis allé faire quelques repérages photos de nouveaux sujets.
C'est en triant ces vues que l'une d'entre elle m'a interpellé, dont j'étais presque satisfait, dont je sentais qu'à peu de choses près elle pourrait me plaire. Plutôt que de faire un dessin d'après photo, j'ai eu envie de la travailler en numérique.
Intéressé par le résultat j'ai continué avec quelques vues parmi les repérages que j'avais qui se prêtaient à l'exercice, puis finalement suis allé photographier quelques lieux à Chambéry à ces fins. J'avais peu représenté la ville jusque là ...
Si la matière première et les outils sont numériques le travail reste fait main, je n'utilise ni filtre ni effet miracle du logiciel que tout le monde connaît.
Réflexe d'illustrateur probablement, je commence par le cerné noir qui va détacher les grandes lignes et aussi souligner des détails parfois perdus dans les pixels. Il simplifie la lecture de l'image tout en la précisant et évoque la bande dessinée.
C'est aussi l'étape du choix de ce que j'efface, principalement des éléments temporaires ou temporels (véhicules, passants, panneaux divers, câbles et antennes... ), ce qui m'amène à recomposer certaines parties de l'image.
Selon les cas je vais ensuite plus ou moins travailler les ombres et les lumières, en enlever et/ou en ajouter pour marquer et détacher les volumes. Si elles ne correspondent pas à l'éclairage d'origine de la scène, elles renforcent l'aspect dessiné. Les couleurs sont aussi au besoin reprises, une touche de teinte et/ou de saturation pour les réveiller quand elles sont un peu grises.
Enfin je vais texturer l'image de façon plus ou moins prononcée selon les cas. Ces textures de lavis préparées sur papier apportent la dernière touche d'ambiguïté à l'ensemble.
Un dessin sur photo donc, qui vient en interpréter la réalité tout en s'y conformant, un peu de choses qui manquait à la première photo qui peut parfois me prendre jusqu'à trois jours à combler...